mercredi 20 juillet 2016

Non.




Non, je ne veux pas que tu me touches. Non, tu n'as pas le droit de passer outre mon interdiction. Non, tu n'avais pas à faire ces gestes sur moi. Non, tu n'avais pas d'excuses pour faire ça et rien ne justifie tes actes. Non, un non à ton désir n'était pas un affront. Non, je n'ai pas à te comprendre. Non, je n'ai pas à te pardonner.

Non, Madame la policière, je n'étais pas consentante. Non, il ne pouvait pas l'ignorer. Non, je ne l'ai pas « aguiché ». Et quand bien même, non ça ne changerait rien à ce qu'il m'a fait. Non, mon handicap ne me rend pas incapable de comprendre la portée d'une plaine déposée contre cet homme. Non, la façon dont j'étais vêtue n'était pas une invitation. Non, mon handicap ne m'a pas empêchée de ressentir douleur et terreur.
Non, monsieur le juge, violer une personne handicapée n'est pas moins grave que de commettre le même acte sur une personne normale (psst, un indice, le code pénal dit plutôt l'inverse). Non, je n'ai aucun, mais alors strictement aucun intérêt à porter plainte contre cet homme. Non, je n'en retirerai rien, pas même de satisfaction de le voir condamner. Non, je ne me suis pas désintéressée du traitement de ma plainte, simplement, je me suis fatiguée de courir après des avancées.

Non, proches, amis, famille, gens de passage qui avez entendu parler de tout ou partie de mes mésaventures, ce n'est pas parce que j'ai subi plusieurs agressions que ça ne me fait plus rien ou que la douleur s'atténue au fil des événements. Non, je ne suis pas désespérément naïve. Non, je ne suis pas inconsciente. Non je ne pouvais pas me défendre, ou réagir comme vous pensez que vous auriez su le faire à ma place. Non je n'ai pas subi tout ça pour « attirer l'attention ». Non je ne veux pas rester dans une pièce capitonnée pour qu'il ne m'arrive plus rien de mal. Non, je ne crois pas que vous êtes tous à mettre dans le même sac. Non, je ne « dois » pas porter plainte. Non, vous ne savez pas mieux que moi ce que je ressens et comment gérer les choses.



C'est fou, hein, comme je peux avoir l'esprit de contradiction, avec tous mes non... Mais voilà, ils ont chacun leur tour été snobés, certains à plusieurs reprises. Alors je voulais leur redonner un peu leur place, qu'ils puissent être lus à défaut d'être entendus en temps et en heure.



Quel est le but de ce petit blog sans prétention ? Peut être n'est ce qu'un modeste éclairage sur certaines mécaniques et autres grosses aberrations à propres au traitement du viol en France. Je ne tiens pas à faire jouer les violons à mon sujet. Par contre si, par touches, disséquer les coulisses de ce que d'autres appellent la culture du viol peut éclairer certaines personnes sur la réalité peu reluisante des choses, alors mes mots auront une utilité.

Je serai féroce, j'userai d'humour corrosif, de rage, de colère... Je vous préviens, je ne compte pas (plus) ménager les sensibilités. Vous me lirez à vos risques et périls.

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